décembre 8, 2022
Appel à publications
Les cultures visuelles crip
Numéro thématique de la revue RACAR, à paraître en octobre 2024
Rédactrices invitées:
Lucienne D. Auz, PhD, professeure adjointe invitée en histoire de l’art, Université de Memphis.
Patricia Bérubé, candidate au doctorat, Université Carleton
Jessica A. Cooley, PhD, ACLS associé postdoctoral au Liberal Arts Engagement Hub, University of Minnesota – Twin Cities
Sarah Heussaff, candidate au doctorat, Université du Québec à Montréal, UQAM
Stefanie Snider, PhD, chercheur indépendant
Date limite des propositions : 1 février 2023
Date de remise des textes our productions finales : 15 août 2023
Le thème des « cultures visuelles crip » rend hommage à l’héritage d’une œuvre marquante du regretté Tobin Siebers, Disability Aesthetics, qui a changé le cours des choses en démontrant comment l’histoire de l’art et les études en cultures visuelles, de même que leurs méthodes et systèmes d’évaluation, n’accordaient que peu de place au handicap. Avec ce changement de cap majeur et grâce à une volonté de concevoir le handicap non pas comme une simple question de représentation, de biographie ou de biologie, mais aussi et surtout comme un style, une esthétique et une stratégie politique, Disability Aesthetics de Siebers a révélé le rôle central et jusqu’alors non reconnu du handicap : « Le handicap est en vérité une valeur esthétique, c’est-à-dire qu’il participe à un système de connaissances qui fournit des matériaux et accroît la conscience critique sur la façon dont certains corps font sentir d’autres corps »[i].
Ce numéro spécial est consacré à la confrontation de problématiques clés qui s’attachent aux espoirs ainsi qu’aux écueils propres à la remise en question des cultures visuelles. Nous partons de l’idée que de ne pas s’intéresser aux politiques du handicap s’apparente à une incapacité à reconnaître les manières fondamentales dont le monde de l’art et ses histoires sont médicalisés. Compte tenu de la propension à la « pornographie d’inspiration » dans la rhétorique sur les personnes handicapées, nous envisageons le potentiel d’un tournant antisocial initié par des activistes et des chercheurs queer et féministes handicapé.e.s dans une histoire de l’art et des cultures visuelles critiques qui embrassent le négatif, le mineur et le non-célébratif. De plus, nous comprenons « crip » comme un mode analytique qui élargit la pertinence critique de l’enquête des études sur le handicap au-delà du cadre limitatif de ce qui est ou n’est pas traditionnellement défini comme le sujet propre du handicap. Nous espérons que ce numéro spécial sera l’occasion d’aborder la difficile tâche de concilier les politiques anti-identitaires à une époque où les vies des personnes handicapées sont encore sous-évaluées non seulement sur une base quotidienne mais aussi dans le milieu académique. Nous explorons par ailleurs la possibilité de réimaginer collectivement la manière dont les objets d’art, les pratiques et les institutions artistiques produisent, remettent en question, interprètent et font la promotion de possibilités ambitieuses pour subvertir (crip) les cultures visuelles à travers leurs choix de collection, d’exposition et d’embauche, tout en gardant en tête les enjeux politiques et culturels des nombreuses expériences vécues du handicap.
Tout en s’inspirant de l’esthétique du handicap de Siebers et du champ interdisciplinaire en pleine expansion de la théorie crip, ce numéro sur les « cultures visuelles crip » a pour but de présenter les travaux de certain-e-s chercheur-e-s établi-e-s, mais surtout de servir de plateforme pour encourager et soutenir les chercheur-e-s, artistes et critiques émergent-e-s. Il s’agit surtout de faire progresser ce domaine émergeant, à l’intersection des études sur le handicap, de la théorie crip, de l’histoire de l’art et des cultures visuelles critiques, afin d’examiner des sujets et des discours nouveaux, mais difficiles et peut-être même controversés. RACAR est une revue multinationale et bilingue, et les rédactrices de ce numéro spécial recherchent des contributions qui reflètent ces critères. Les rédactrices encouragent les soumissions en français et en anglais et accueillent les documents supplémentaires en LSQ et ASL, les idées émergentes, les néologismes liés au handicap et les formats créatifs.
Sujets potentiels:
- Féminismes des femmes de couleurs, critique queer de couleur, féminismes transnationaux et/ou postcoloniaux
- La COVID-19
- L’abstraction
- La toxicité
- Les esthétiques historiques et contemporaines
- La critique institutionnelle
- L’échec et/ou le mineur / négatif
- La nécropolitique
- Le nouveau matérialisme
- Crip time ou la notion du temps telle que vécue par les personnes handicapées
- L’activisme curatorial
- Capitalisme/ Néolibéralisme
- Émotions/sentiments
- Austérité
- Précarité
- Éco-critique/ Écologies crip
Nous sollicitons des contributions écrites (maximum 7 500 mots, notes comprises) et créatives (maximum 10 images et 1 000 mots, notes comprises). Les articles seront soumis à une évaluation par les pair-e-s.
Veuillez soumettre vos propositions d’un maximum de 300 à 500 mots, accompagnées d’un bref CV avant le 1 février 2023, à l’adresse RACAR2024@gmail.com. Si vous proposez une contribution créative, veuillez inclure 2 à 5 images.